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conserver ; il n’y a pas un moment à perdre. Nous serions puissants, si nous avions des armes ; c’est parce quelles nous manquent qu’il nous faut des hommes tout équipés.

On annule Luckner en l’appelant à Châlons ; c’est encore un ménagement que je n’aurais pas eu, j’aurais voulu le renvoyer à l’Empereur. On vous avait nommé dans le Conseil pour l’Angleterre[1] ; les députés sont venus mettre leur nez à travers l’opération : on lanterne, et je ne sais ce que cela deviendra. Je ne crains point les ennemis, parce que j’ai fait mon calcul sur la vie et que je méprise la mort ; mais je suis en enfer quand on ne marche pas vite, ferme, et qu’on ne frappe point juste et fort.


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[À BANCAL, À CLERMONT[2].]
2 septembre an ive (1792), — [de Paris].

Je vous ai écrit à Clermont avant de savoir que vous fussiez passé à Riom[3] ; je vous disais que plus de 80,000 Prussiens sont entrés en France et que Longwy leur avait été indignement livré. Ils s’avancent à grands pas, Verdun est investi et ne peut tenir longtemps ; leur projet est d’avancer sur Paris, et ils peuvent l’exécuter. Je ne vous parlerai pas de toutes les mesures que nous prenons ; mais nous avons beau ne pas dormir et déployer une activité plus

    départements voisins pour fournir trente mille hommes armés, destinés à renforcer l’armée de Luckner. Un autre décret réquisitionnait, pour les citoyens allant aux frontières, les fusils distribués aux départements de l’Intérieur.

  1. Le Conseil exécutif avait eu l’idée, surtout après le rappel de l’ambassadeur anglais (23 août), d’envoyer une mission en Angleterre pour « connaître l’impression produite sur les libéraux anglais par les derniers événements accomplis en France » et « influencer l’opinion de l’autre côté de la manche. » (Mège, p. 57). Bancal, « dont les relations à Londres étaient connues », fut choisi, avec l’abbé Noël, pour cette mission (voir, dans Mége, la lettre du ministre Lebrun à Bancal, datée du 26 août). Mais Bancal préparait son élection à la Convention, où il fut élu le 7 septembre ; Noël partit seul (voir Frédéric Masson, Le département des Affaires étrangères pendant la Révolution, Paris, Plon, 1877, in-8o ; Danton émigré, par le docteur Robinet, Paris, Lesoudier, 1887, in-8o.
  2. Lettres à Bancal, p. 343 ; — ms. 9534, fol. 180-181.
  3. Bancal s’était rendu à Riom pour l’assemblée électorale du Puy-de-Dôme (élection à la Convention). Il en fut nommé secrétaire, puis, le 7 septembre, élu député, le septième sur douze (Mége, p. 58).