conserver ; il n’y a pas un moment à perdre. Nous serions puissants, si nous avions des armes ; c’est parce quelles nous manquent qu’il nous faut des hommes tout équipés.
On annule Luckner en l’appelant à Châlons ; c’est encore un ménagement que je n’aurais pas eu, j’aurais voulu le renvoyer à l’Empereur. On vous avait nommé dans le Conseil pour l’Angleterre[1] ; les députés sont venus mettre leur nez à travers l’opération : on lanterne, et je ne sais ce que cela deviendra. Je ne crains point les ennemis, parce que j’ai fait mon calcul sur la vie et que je méprise la mort ; mais je suis en enfer quand on ne marche pas vite, ferme, et qu’on ne frappe point juste et fort.
Je vous ai écrit à Clermont avant de savoir que vous fussiez passé à Riom[3] ; je vous disais que plus de 80,000 Prussiens sont entrés en France et que Longwy leur avait été indignement livré. Ils s’avancent à grands pas, Verdun est investi et ne peut tenir longtemps ; leur projet est d’avancer sur Paris, et ils peuvent l’exécuter. Je ne vous parlerai pas de toutes les mesures que nous prenons ; mais nous avons beau ne pas dormir et déployer une activité plus
- ↑ Le Conseil exécutif avait eu l’idée, surtout après le rappel de l’ambassadeur anglais (23 août), d’envoyer une mission en Angleterre pour « connaître l’impression produite sur les libéraux anglais par les derniers événements accomplis en France » et « influencer l’opinion de l’autre côté de la manche. » (Mège, p. 57). Bancal, « dont les relations à Londres étaient connues », fut choisi, avec l’abbé Noël, pour cette mission (voir, dans Mége, la lettre du ministre Lebrun à Bancal, datée du 26 août). Mais Bancal préparait son élection à la Convention, où il fut élu le 7 septembre ; Noël partit seul (voir Frédéric Masson, Le département des Affaires étrangères pendant la Révolution, Paris, Plon, 1877, in-8o ; Danton émigré, par le docteur Robinet, Paris, Lesoudier, 1887, in-8o.
- ↑ Lettres à Bancal, p. 343 ; — ms. 9534, fol. 180-181.
- ↑ Bancal s’était rendu à Riom pour l’assemblée électorale du Puy-de-Dôme (élection à la Convention). Il en fut nommé secrétaire, puis, le 7 septembre, élu député, le septième sur douze (Mége, p. 58).
départements voisins pour fournir trente mille hommes armés, destinés à renforcer l’armée de Luckner. Un autre décret réquisitionnait, pour les citoyens allant aux frontières, les fusils distribués aux départements de l’Intérieur.