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vous ne valez pas plus que les autres et qu’il faut tourner la roue jusqu’à meilleure rencontre. Rappelez-vous de vos projets sévères pour contenir les officiers et rendre de la confiance aux soldats ; rappelez-vous de la lettre à faire faire par le Roi à Luckner : elle est instante et elle doit marquer ; il faut qu’elle éclaire l’opinion sur Rochambeau et la coalition qui le soutient. Rappelez-vous de vos considérations sur la nécessité de réunir une grande force, au lieu de petites armées, sur les frontières du Brabant

Rappelez-vous, mon digne ami, que la justice est la bonté des hommes en place et la fermeté la qualité la plus difficile à y conserver.

Je ne vous dirai pas de me pardonner ces expressions. Je ne puis guère vous voir : il faut bien que mon amitié se fasse entendre de quelque manière.

Je joins ici une note préparée depuis quelques jours et que le chaos du moment m’a empêchée de vous remettre jusqu’à présent.

Je vous honore et vous aime, et j’attends avec confiance d’avoir toujours davantage à vous honorer et vous applaudir.


487

À MONSIEUR, MONSIEUR BOSC, [À PARIS,]
rue des prouvaires, n° 33[1].
Jeudi, 10 mai, l’an iv de la Liberté, — [de Paris].

Quelle heure qu’il soit lorsque vous recevrez ce billet, venez me voir aujourd’hui jeudi, 10 mai, l’an iv de la Liberté[2].

  1. Collection Alfred Morrison.
  2. Pour lui annoncer sa nomination d’administrateur des Postes. Cuvier, dans sa notice sur Bosc, dit que Bosc fut nommé le 11 mars 1792 ; il est évident, qu’il faut lire 11 mai. Ce ne peut être le 11 mars, d’abord parce que Roland n’était pas encore ministre à cette date, ensuite que dans le billet n) 474, qui est indubitablement du 27 mars, l’adresse porte encore : « À Monsieur Bosc, secrétaire de l’Intendance des Postes ». D’autre part nous avons établi,