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Je vous embrasse, et ce sera de bien bon cœur lorsque vous viendrez partager ou votre envoi, ou votre miel, ou le repas de ménage de vos bons amis.


Rd Ph.

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[À BOSC, À PARIS[1].]
3 mai 1792, — [de Paris].

Que vous ai-je donc fait, ou qu’avez-vous fait vous-même pour laisser ainsi vos amis ?

Je voudrais du moins savoir si vous avez reçu les billets que je vous ai écrits, afin d’en mieux juger votre manière d’agir.

Vous n’ignorez pas les jours et les heures où nous ne sommes point environnés, et je n’accorde pas votre éloignement volontaire avec l’empressement marqué de me revoir et un attachement dont je ne puis douter.

Ce que je puis vous dire, c’est que telles que puissent être les variations de vos procédés, vous me retrouverez toujours ce que vous m’avez connue : égale et vraie, parce que je n’ai de passion pour rien que pour mes devoirs ; tolérant beaucoup, parce que j’ai assez réfléchi pour m’attendre quelquefois à l’injustice et savoir l’excuser dès qu’elle n’est pas volontaire.

Il est telle position où il faut être pour ses amis comme pour le public, tout entière à mériter leur opinion, sans se tourmenter du malheur de ne pas l’obtenir.

Quoi qu’il en soit, voulez-vous venir dîner avec moi samedi ou dimanche ? J’espérais que vous viendriez de vous-même et je l’attendais de votre amitié.

Adieu ; comptez toujours sur la mienne. Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Collection Alfred Morrison.