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courrier extraordinaire qui m’avait parlé lorsque je montais en voiture et je me suis précipitée chez mon mari. J’ai bien fait.

Vous pourrez aller chez Mme Gchp. [Grandchamp], elle vous recevra avec plaisir, et, si elle sort aujourd’hui, elle sera rentrée de bonne heure ; elle est absolument seule et ne peut envoyer chez vous. Dans tous les cas, elle ira chez vous demain. Je m’y rendrai, si je puis, aujourd’hui même, mais je n’ai pas voulu vous laisser dans l’incertitude. Je suis empressée de recevoir mon enfant prodigue.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
Jeudi, 29 mars (1792), — [de Paris].

J’ai été chez vous, j’y ai écrit chez le portier ; avec un peu plus de patience vous m’auriez vue.

Je suis tellement commandée aujourd’hui par mes devoirs que je ne sais ce que je pourrai faire. Votre délicatesse est à l’abri, puisque j’ai été vous chercher. Venez me voir et hâtez-vous ; je quitte incessamment cette demeure[2] ; il pourrait vous coûter davantage pour la première fois de venir me trouver ailleurs.

Mme Gchp. [Grandchamp] est dans un état fâcheux ; vous lui devriez d’aller la voir. Elle a besoin d’être arrachée à elle-même et je sens la douleur de n’avoir plus cette liberté qui permet d’être presque toute à l’amitié.

Adieu, jusqu’au plaisir de vous voir ; moins d’exaltation, mon ami, et plus de justesse. : la raison et le bonheur le commandent également.

Que ne puis-je répandre autour de moi le calme où je me tiens, et que la prospérité ni les revers ne peuvent altérer !

  1. Collection Alfred Morrison, 1 folio.
  2. L’Hôtel Britannique. « Ailleurs », c’est au ministère de l’Intérieur, alors installé à l’ancien Hôtel du contrôle-Général, rue Neuve-des-Petits-Champs, que Calonne avait somptueusement restauré.