Donnez-nous des nouvelles de votre chère épouse[1] ; apprenez-nous de combien votre famille s’augmente et partagez avec elle les embrassements de vos amis. J’ai été malade, je ne suis pas encore bien portante ; mais, avec le courage et l’amitié, à quels maux ne peut-on faire face ? Mon mari va assez bien, ma fille est grande, forte et bon enfant ; ce sont là d’assez doux avantages pour consentir à les payer de quelques douleurs.
Adieu ; nous sommes ici Hôtel Britannique, rue Guénégaud ; mais vous pourrez nous adresser sous le couvert de Dantic[2].
Dumouriez sort d’ici ; il vient de nous annoncer que le Roi a nommé mon mari ministre de l’Intérieur et qu’il recevra demain le portefeuille des mains de Gabier[4]. Roland a demandé jusqu’à dix heures pour donner sa réponse. C’est toi qui la régleras. Viens le plus tôt possible.
Je ne veux pas que vous appreniez par les papiers publics que notre ami a été nommé hier ministre de l’Intérieur. Il avait sous presse un Journal des
- ↑ Madame Gosse, née Louise Agasse, était « la fourmi de la maison ». (Biogr. Michaud, art. Gosse.)
- ↑ Bosc.
- ↑ Ms. 9533, fol. 302 v°. (Souvenirs de Sophie Grandchamp.)
- ↑ Il y a Gohier dans le texte. C’est une erreur évidente de transcription.
- ↑ Ms. 9533, fol. 145-146 ; déjà publiée par M. Faugère. (Mém., introd., I, p. xv.).
Madame Roland, bien qu’elle date sa lettre du 23, a dû ne l’écrire que le 24.