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leur intégrité, à l’exception d’un petit nombre de départements où domine le bon esprit. Mes embrassements à cet excellent citoyen. Fais-moi passer le journal ; je suis comme tombée du ciel. Mme  Braun est à Lyon. J’ai envie de ne point faire renouveler les billets[1] et de t’attendre puisqu’il est certain que tu dois revenir et que rien encore n’est décidé en Auvergne.

Ma compagne écrit pour ses affaires et ses amis ; elle te dit mille choses ; je suis enchantée d’elle. Adieu, mon bon ami, ménage-toi et reviens ; je t’embrasse de tout mon cœur ; j’attends de tes nouvelles.

Eudora parle de son papa, l’attend et l’embrasse.


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À MONSIEUR CHAMPAGNEUX,
officier municipal, à lyon, place de la baleine[2].
Vendredi, 9 septembre 1791, — de Villefranche.

Je suis arrivée hier après-midi, plus fatiguée que je ne saurais dire ; j’ai trouvé votre lettre et je prends le premier courrier pour vous faire passer signe de vie et de reconnaissance.

Je ne suis nullement étonnée du choix[3] ; l’aristocratie a toujours dominé à Lyon, et les moyens qu’elle ne craint pas d’employer ont dû lui procurer toutes les facilités imaginables d’abuser les électeurs des campagnes.

Il faut espérer que tous les départements ne ressembleront pas au nôtre et que la chose publique aura des défenseurs ; mais croyez que nous n’aurons pas de législature sans un parti de l’opposition, qui sera toujours celui des honnêtes gens et de la minorité.

  1. Probablement les billets ou obligations représentant les capitaux, 40,000 livres environ, dont disposait Roland ; voir lettres du 31 août et du 12 octobre.
  2. Ms. 6241, fol. 132-133. — Voir Révolution française du 14 août 1895.
  3. Des députés de Rhône-et-Loire. Nous en donnons la liste un peu plus loin.