mesures violentes sont nécessaires à la sûreté publique ; une autre portion gémit et s’inquiète. Cependant on quête et l’on arrache des félicitations de corps administratifs ou de chefs des gardes nationales des départements : on tait les réclamations de villes entières et des sociétés d’Amis de la Constitution. Cet état est violent, il ne peut durer ; il faudra bien que l’esclavage s’étende sur tout l’empire, ou que des secousses partielles opèrent des déchirements, car l’insurrection universelle n’est plus possible. Néanmoins les députés retirés aux Feuillants n’ont pas tellement affermi leur club qu’il soit à l’abri de dissensions intestines ; les jacobins sont encore sur pied ; les Petion, Buzot, Robespierre y restent, et l’on procède à l’épurement de cette Société. Plusieurs de celles des départements, sollicitées par des courriers extraordinaires des Feuillants, ont protesté de leur attachement à la Société mère. Il convient de se rallier autour d’elle ; cette union peut être formidable, car l’empire de l’opinion sera toujours le premier chez un peuple qui s’éclaire. Que fera votre Sainte-Claire[1] ? Si elle s’unit aux Feuillants, elle se déshonore aux yeux des bons citoyens, et ceux de cette étoffe n’auront rien de mieux à faire à Lyon que de se jeter dans les Sociétés populaires et d’affilier celles-ci aux Jacobins.
Je pense que votre municipalité, dont l’adresse excellente n’a pas eu de cours par le seul malheur des circonstances[2], ne changera point de ton ; surtout, qu’elle se tienne en garde contre toute insinuation de flatter l’Assemblée actuelle. Il ne doit s’élever qu’un cri des départements, c’est la demande de procéder aux nominations pour la nouvelle législature. Déjà quelques-uns ont envoyé des députés extraordinaires pour faire cette demande ; on ne voulait pas les entendre, mais le bruit sourd des mécontentements du Midi, du courage de
- ↑ La Société des Amis de la Constitution de Lyon, qui avait d’abord siégé au quai Saint-Clair, mais qui, depuis la fin de 1790, s’était transportée à la Salle du Concert (place des cordeliers), ce qui fait qu’on l’appelait le plus souvent la Société du Concert. Madame Roland la trouvait bien tiède, et, avec Lanthenas, inclinait depuis longtemps vers la Société populaireou Club Central, constituée avec les délégués de trente et un clubs de quartier (Wahl, 227-228).
- ↑ Elle fut lue aux Jacobins, le 25 juillet, par une députation de la Société fraternelle (Aulard, t. III, p. 54).