insinuations perfides, les inculpations les plus odieuses se répandent avec succès ; la faction veut perdre lui et Robespierre. Tous les moyens sont employés : écrits, agents, préventions de toute espèce et argent, par conséquent dépositions et faux témoins. Le Comité des recherches est déjà muni d’une foule de ces matériaux recueillis avidement ; la faction voit que le sang versé a excité dans le peuple une indignation sourde et profonde qui s’alimente dans le secret même de la contrainte où la force armée la retient ; il faut donc qu’elle donne un cours, qu’elle ouvre une issue à cette indignation ; l’art suprême consiste à la détourner d’elle et à la diriger contre ses adversaires : tel est le nœud de la conjuration.
Les ambitieux actuellement régnants, les Noirs, la Cour et tous les gens obscurs, médiocres, faciles à tromper, ou naturellement ennemis des hommes supérieurs, sont réunis dans le désir de perdre l’écrivain le plus redoutable par ses talents, et le législateur dont ils haïssent davantage la grande popularité. Rien n’est épargné pour les faire croire des scélérats, et beaucoup de gens se persuadent qu’ils sont tels, car, avant de les traduire dans les tribunaux, il faut altérer l’opinion publique dont l’égide parait les défendre ; c’est l’acte où nous sommes de cette cruelle tragédie, et il est bien avancé ; les esprits étonnés, environnés d’erreurs, s’égarent enfin, s’abreuvent de soupçons et vont bientôt au delà. Les désordres excités d’abord sont ensuite mis à profit et fournissent à la vraisemblance des prétextes qui la changent en certitude. À moins que d’être fort près du foyer, de connaître les acteurs et de juger quels moyens ils sont capables d’employer, on n’imagine pas de trames aussi profondes. Aussi l’ami Garran, enveloppé de sa probité, environné de ses formes, ne voit rien dans tout cela que comme la masse d’honnêtes gens qu’on prévient ; il nous prend pour des rêveurs ou juge Bst. [Brissot] comme un imprudent.
Quant à moi, le système de persécution contre les patriotes remarquables m’est sensiblement démontré ; je le vois mis en action et tendant aux derniers excès.
Toutes les relations des faits de dimanche sont fausses, à commencer par le procès-verbal de la municipalité ; personne n’ose faire les véritables, même Bst. [Brissot], car ce serait se plonger le couteau sous lequel on est tenu. Je crois que, de mes différentes lettres, vous pouvez extraire un aperçu de la marche des choses et des ressorts secrets qui déterminent les mouvements ;
Thomas, puis Lepelletier] ; il demeurait rue de Grétry, no 34 (Alm. royal de 1791) ou no 2 (Alm. de 1792). C’est probablement la même adresse, avec un numérotage différent.