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bonheur ? Non, Monsieur le Président, les impôts mêmes ne s’établiront pas, par l’impuissance de la part des uns, par le prétexte de cette impuissance de la part des autres, par une sorte d’indignation de tous, et vous auriez vous-même la douleur de perdre le fruit de tant de travaux.

Peut-être, j’ose vous le dire, rien est-il point d’aussi pressé dans ce moment que celui de prévenir le désespoir et les horreurs incalculables qu’il entraîne. Je dois à l’Assemblée nationale cet avis sur l’état affreux de Lyon ; j’ai déposé au Comité des contributions toutes les délibérations de la commune qui le constatent ; et je lui fais passer la copie de la lettre que j’ai l’honneur de vous écrire, moins pour lui prouver mon zèle ou plutôt l’acquit des devoirs qui me sont prescrits par sa confiance, que pour quelle avise, d’après ma situation, ce que peut et doit devenir la sienne, si elle n’obtient sur-le-champ un secours, une avance, sous quelque dénomination qu’on voudra, avec quelque condition qu’il plaira, de trois millions, savoir : deux millions pour les besoins urgents de la municipalité et un million pour ceux de l’Hôtel-Dieu, en décrétant en même temps la vente des immeubles de l’une et de l’autre[1].

  1. Disons ici, pour n’avoir pas à y revenir, que les démarches de Roland ne furent pas entièrement infructueuses ; il obtint une avance immédiate de 300,000 livres pour l’Hôtel-Dieu, de 50,000 livres pour l’œuvre des Enfants trouvés. Plus tard, en octobre, après son retour à Lyon, l’État alloua encore 450,000 livres à la ville (Wahl, p. 403). — Enfin, sous son premier ministère, en avril 1792, un décret attribua à Lyon, à titre d’avance, une somme de 1,693,580 livres, montant des arrérages dus à ses créanciers, plus 500,000 livres remboursées à M. Régny, receveur municipal (Patriote français du 29 avril 1792).

    Nous avons dit, en outre, que le décret du 5-10 août 1791 fit passer au compte de l’État 33 millions (sur 39) de la dette lyonnaise, mesure générale dont on voit que Lyon bénéficia largement.