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LETTRES DE MADAME ROLAND

qu’il vient de faire ; en revanche, tu as présentement dans ta ville une habitante de la mienne, Mlle  Miot[1], que je vois ici, et à laquelle je trouve beaucoup d’honnêteté, de finesse et d’agrément.

Je dis encore ma ville de celle-ci, en attendant que j’appelle nôtre celle où tu es, et où j’irai avec douceur et satisfaction. J’irais au bout du monde avec mon second, mais c’est un charme de plus que de te trouver où je dois me fixer. Peut-être ne sera-ce pas de cette année. Quoi qu’il en soit et dans quelque temps que tu me voies, tu me retrouveras simple, franche, sensible, et toujours ton amie.

Adieu mille fois.


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À ROLAND, À PARIS[2].
[Juin ou juillet 1780. — de Vincennes.]

Sogno a te ; mi spiace d’essere allontanata dal mio carissimo amico. Che fai ? Che pensi ? oïmè ! come stai ? non posso difendermi d’una sorta d’inquietudine. Sempre sei fisso nella mia mente. Ho sopra il cuor questa lontananza ; ella mi fa male. Non sono tranquilla affatto. Lo sarei ben meno, se’l tuo amico, fratello mio, non era di te appresso[3].

    reau des finances et Chambre du domaine de la généralité d’Amiens. Son nom reviendra à chaque page dans les premières années de la correspondance. – Voir sur lui notre Appendice E, « les parents et les amis d’Amiens »

  1. Nom inconnu.
  2. Ms. 6236, fol. 221-222. L’adresse porte : à Monsieur Roland de la Platière, inspecteur des manufactures de Picardie, hôtel de Lyon, rue Saint-Jacques, près Saint-Yves, à Paris. Nous donnons cette indication une fois pour toutes.

    Ce billet, écrit de Vincennes (voir la lettre précédente), doit être de juillet ou août 1780.

    L’italien de Madame Roland, souvent fautif, est néanmoins très facile à comprendre. Nous n’avons donc cru utile ni de le traduire, ni d’en corriger les solécismes. Nous nous sommes uniquement appliqué à collationner aussi soigneusement que possible, en rectifiant seulement l’orthographe là où il ne pouvait y avoir de doute.

  3. « L’ami », « le petit frère » n’est autre que Lanthenas, le jeune ami de Roland. — Il reparaîtra à chaque page de la correspondance, appelé tantôt « le frère », « le camarade », le « fidèle Achate ». Lui, de son côté, en écrivant à Roland, disait, en parlant de la femme de son ami, « la sœur », « la sorella… ». — Cf. Mém., II, 246 ; « Je le traitai comme mon frère, je lui en donnai le nom… »