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tant que vous ne vous ferez pas mieux instruire de la partie des finances et de leur sage administration. Voyez les ménagères, connaissant le faible et le fort des maisons comme des empires, et, dès qu’on ne veille pas à la marmite, toute la philosophie du monde ne saurait empêcher une déconfiture.

Ci-joint des dépêches auxquelles vous voudrez bien faire suivre leur destination. J’imagine que vous avez reçu la nôtre pour Londres, dont on n’entend pas parler souvent.

Notre ami est encore pris par la jambe, mais je pense que sous huit jours nous irons à Lyon, où les officiers municipaux sont très bien choisis. Je n’entends plus parler de la suite des élections pour le maire, etc., etc. ; nous irons voir ce que cela signifie. Quant à ma santé, je n’en parle que lorsqu’elle est a quia ; autrement, c’est l’affaire de mon courage, et je n’en dis mot.

Adieu, soyez toujours notre bon ami.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
20 décembre 1790, — [du Clos].

Je vous fais passer une pacotille pour M. Deu à qui je vous prie de l’expédier.

Vous savez que notre ami est à Lyon à remplir ses fonctions, tandis que Lanthenas y apostolise ; vous savez à quelle boucherie les bons citoyens ont échappé[2].

Il y avait eu des machinations combinées jusque dans les moindres détails ; car nous avons été huit jours sans rien recevoir de Lyon, pas même les papiers périodiques qui doivent nous en parvenir, et, si la conspiration avait réussi, on aurait pu venir chercher ici l’un des proscrits avant que nous eussions soupçonné l’infernale intrigue.

Les dénonciations et les découvertes se multiplient chaque jour ; Perpignan et Aix ont eu du sang répandu.

  1. Collection Alfred Morrison, 1 folio.
  2. La conspiration de Guillin de Pougelon, découverte le 10 décembre 1790, projet de prise d’armes royaliste pour s’emparer de Lyon et en faire le centre d’une insurrection générale (Wahl, 254-285).