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Nos amis viennent d’arriver ; ils s’empressent de faire pour Brissot une expédition que celui-ci réclame, que je joins ici avec prière de la lui faire passer aussitôt.

On a fait à Lyon des juges assez médiocres, mais on a ôté de la municipalité le maire et le procureur de la commune qui n’y faisaient pas bien et qu’on imagine être mieux placés à l’ordre judiciaire.

Pour moi, j’estime que des hommes peu amis de la Constitution ne devraient être employés nulle part ; il est vrai qu’à Lyon il est fort difficile d’en trouver d autres que de ceux-là.

Envoyez à notre ami Bancal un exemplaire de la Lettre de Dubois-Crancé à ses commettants.


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[À BANCAL, À CLERMONT[1].]
Le 26 octobre 90, — du Clos Laplatière.

Je me fais une fête de vous écrire, bon ami, et le plaisir de vous donner quelques instants me fait prendre la plume avec un empressement singulier. Ce n’est pas que j’aie à vous rendre, en échange de vos intéressantes descriptions, de vos charmants voyages, des nouvelles piquantes ou des récits attachants. Vous connaissez notre ermitage et nos habitudes journalières ; la vie des solitaires ressemble aux champs qu’ils habitent, les premières dispositions de la nature y demeurent toujours les mêmes, les nuances seules varient comme les saisons et présentent tour à tour un aspect riant ou mélancolique.

Tandis que vous promenez vos regards sur les scènes opposées de vos magnifiques campagnes et du monde tumultueux, que vous nourrissez votre sensibilité des affections vives, des vérités tranchantes (?) que ce contraste fait naître ou ressortir, nous tournons constamment dans le cercle modeste que vous avez parcouru avec nous durant quelques moments et où nous retrouvons toujours les sentiments qui nous ont liés pour jamais.

Vous aurez reçu deux fois de nos lettres depuis la vôtre du 16 ; vos détails

  1. Lettres à Bancal, p. 100 ; — ms. 9534, fol. 56-57.