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et d’un changement de local pour les séances, qui se tiendront aux Augustins. J’espère que, dans votre voyage de Paris, ce sera bien la chose que vous vous empresserez de suivre et d’encourager avec le plus d’ardeur. Faites, en attendant, chez vous ce que vous pourrez pour y concourir.

Je suis très sensible au regret que vous me témoignez que je ne sois pas avec vous. J’aurais certainement eu beaucoup de plaisir à faire la connaissance de votre famille. Cela se pourra peut-être mieux dans une autre occasion. En attendant, si vous lui parlez de moi, veuillez bien lui témoigner tout mon empressement pour les personnes qui vous sont chères.

Je viens de recevoir sur une lettre de notre ami Brissot qui réponds à trois des miennes. Il a quelque crainte sur les environs d’une ville aussi aristocrate que celle de Lyon, parce que, dit-il, le genre de son existence la rendra nécessairement telle longtemps ; il est empressé de connaître ce que vous pourrez lui dire d’ultérieur de Montpeyrou. Si M. Pigott arrive, comme je l’attends, il sera sans doute empressé de faire des offres sur quelque chose. Faudra-t-il que je le presse sur Saviny#1 ? C’est encore, de ce que j’ai vu, le lieu qui me semble le plus digne et le plus convenable. Brissot s’excuse, ensuite sur l’article Monarque qui nous avions blâmé#2. Il promet d’expliquer mieux son idée qui est, à peu près, que nous ne saurions de longtemps nous passer de lois fortement coervitives. — J’ai rempli tant que j’ai pu le papier : il ne peut suppléer nos conversations. Faites-le servir, cependant, le plus que vous pourrez à nous entretenir. Salut.

Avant de fermer ce que nous vous adressons aujourd’hui, mon cher ami, je reçois votre lettre du 9, et j’ajoute encore une feuille pour y répondre. Vous me dites que votre société des Amis de la constitution avait reçu notre adresse de Paris. L’a-t-elle reçue avec la lettre circulaire que vous vous rappelez sans doute et que nous avons fait imprimer pour en accompagner l’envoi ? Est-ce ensuite par la voie du club des Amis de la constitution de Paris que le paquet lui est parvenu ? Je voudrais que vous vous donnassiez la peine d’éclaircir ces faits, et voici pourquoi. L’on m’écrit que de 156 clubs affiliés pour lesquels notre société des Am. de l’un et de l’ég. d.l.f. [ Amis de l’union et l’égalité de la famille ] avait remis des exemplaires de l’adresse et de la lettre circulaire, deux seulement ont accusé réception, celui de Toulouse et celui de Versailles, et les expéditions ont dû être faites fin août.

La société des Amis de la constitution de Lyon n’a point reçu son paquet, et je crains que les cadets n’aient eu quelques ennemis secrets qui aient détourné la plus grande partie de nos expéditions. L’abbé d’Anjou ne comprend rien à la torpeur générale dans une cause aussi intéressante pour tant de milliers d’individus et si importante pour assurer notre[1]

  1. Il s’agit de Savigny, grosse abbaye de Bénédictions, à quatre lieues au sud du Clos (aujourd’hui du canton de l’Arbresle), dont, ainsi qu’on le verra plus loin, Roland proposait l’acquisition. L’article du Patriote du 24 septembre 1790, où Brissot disait : « Je hais la royauté… j’adore le gouvernement républicain, mais je ne crois pas les Français encore dignes de ce saint régime… »