ACTE TROISIÈME
Sempronio. Elle y met le temps, la vieille barbue ! Ses pieds allaient moins tranquillement lorsqu’elle venait. Deniers comptés, bras rompus. Eh ! mère Célestine, tu ne te hâtes guère.
Célesstine. Pourquoi viens-tu, mon garçon ?
Sempronio. Notre malade ne sait que demander ; il ne sait que faire de ses mains ; on ne peut lui cuire de pain à son appétit, il craint ta négligence, il maudit son avarice et sa petitesse ; il pense t’avoir donné trop peu d’argent.
Célesstine. Rien n’est plus naturel à ceux qui aiment que l’impatience, tout retard est un tourment pour eux, aucun délai ne leur plaît ; ils voudraient réaliser leurs projets en un instant ; ils voudraient en voir la fin avant d’en avoir commencé l’exécution, surtout ces amants novices qui s’élancent sans réflexion sur le moindre appât, sans penser au tort que leur passion inquiète et toujours agitée apporte aux négociations de leurs serviteurs.
Sempronio. Que dis-tu des serviteurs ? Il semblerait, à t’entendre, que cette affaire peut nous porter préjudice et que nous pouvons nous brûler aux étincelles qui jaillissent du feu de Calixte. Je donnerais plutôt ses amours à tous les diables. Au premier désordre que j’apercevrai dans tout cela, je cesserai de manger de son pain. Mieux vaut perdre sa place que la vie en la voulant conserver. Le temps me portera