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tu es celui dont la conduite et la tenue me sont les plus agréables. Mais dans cette occasion importante de laquelle dépendent mon bonheur et ma vie, il faut agir de prévoyance, et j’avise aux événements. Je sais qu’une bonne conduite comme la tienne vaut mieux qu’un bon naturel, mais je sais aussi que le bon naturel est le principe de la ruse. N’en parlons pas davantage et courons à mon salut.

Célestine, à la porte. J’entends marcher, on descend. Sempronio, fais semblant de ne pas les entendre, écoute et laisse-moi dire ce qui convient à nos intérêts à tous deux.

Sempronio. Parle.

Célestine. Ne me tourmente pas et ne m’importune pas : surcharger le malheureux, c’est aiguillonner l’animal fatigué. Tu comprends tellement la peine de ton maître Calixte, qu’il semble que toi et lui ne fassiez qu’un et que vous supportiez tous deux les mêmes tourments. Sois persuadé que je ne suis pas venue ici pour laisser cette affaire sans solution ; Calixte parviendra à son but, ou bien je périrai à la tâche.

Calixte, dans l’intérieur. Parmeno, arrête-toi, écoute, ils parlent tous deux, voyons de quoi il est question. Ô l’excellente femme ! ô biens de ce monde indignes d’être possédés par un si noble cœur ! ô fidèle et sincère Sempronio ! Vois-tu, mon cher Parmeno ? Entends-tu ? Ai-je raison ? Que penses-tu, dépositaire de mes secrets24, mon conseil et mon âme ?

Parmeno. Je dois protester de mon innocence au moindre soupçon et vous conserver jusqu’au bout ma fidélité ; je parlerai, puisque vous m’y autorisez. Écoutez-moi, que la prévention ne vous rende pas sourd, que l’espérance d’un bonheur à venir ne vous aveugle pas. Soyez calme et ne vous hasardez pas, car bien des gens s’efforcent de toucher au but qui se perdent dans le blanc. Quoique jeune ; j’ai vu bon nombre de choses ; la mémoire et la réflexion forment l’expérience. En vous voyant ou en vous entendant