suifs qu’elle possédait. Elle en avait de vache, d’ourse, de jument, de chamelle, de couleuvre, de lapin, de baleine, de héron, de butor, de daim, de chat sauvage, de blaireau, de hérisson, de loutre ; des essences pour bains, en quantité. Rien n’est merveilleux comme le nombre d’herbes et de racines qui étaient suspendues au toit de sa maison. De la camomille, du romarin, de la guimauve, de la capillaire, du mélilot, de la fleur de sureau et de moutarde, du nard, du laurier blanc, de la fleur sauvage, du figuier, du bec d’or, de la feuille noire. Elle composait pour le visage un nombre incroyable d’huiles, d’alibousier, de jasmin, de limon, de pépins, de violettes, de benjoin, de pistachier, de pignons, de jujubier, de lupin, de pois chiches, d’herbe aux oiseaux. Elle conservait précieusement dans une armoire un petit pot de baume pour cette balafre qu’elle a au travers du nez. Quant aux virginités endommagées, elle refaisait les unes avec de petites vessies, elle réparait les autres avec un point de couture. Elle a sur une tablette, dans une petite armoire peinte, quelques aiguilles très-fines de pelletier et des fils de soie cirée, des racines de fustet, d’ognon sauvage et de poireau ; avec cela elle faisait des merveilles. Quand l’ambassadeur français vint ici, elle lui vendit trois fois pour vierge une servante qu’elle avait.
Calixte. Elle eût pu le faire pour cent autres.
Parmeno. Ah ! Dieu puissant ! elle restaurait par charité un grand nombre d’orphelines et de pauvres égarées qui s’adressaient à elle. Dans une pièce éloignée, elle avait mille remèdes pour les amours malheureux et des philtres pour se faire aimer. Elle avait des morceaux de cœur de cerf, de langue de vipère, des têtes de cailles, des cervelles d’ânes, des excréments de cheval et de petit enfant, des fèves mauresques, des aiguilles aimantées, des cordes de pendus, de la fleur de lierre, des pointes de hérisson, des pieds de blaireau, des graines de fougère, la pierre du nid de l’aigle et mille autres choses. Bien des hommes et des femmes venaient la consulter : aux uns elle demandait le pain dans lequel ils mordaient, aux autres