Élicie. Criton est ici.
Célestine. Cache-le dans la chambre aux balais, vite. Dis-lui que c’est ton cousin, un de mes habitués qui vient.
Élicie. Criton, cache-toi ici. Voici mon cousin, je suis perdue.
Criton. Volontiers, ne t’inquiète pas.
Sempronio. Bonne mère ! que je désirais te voir ! Grâces à Dieu, qui me conduit vers toi.
Célestine. Mon fils, mon roi, tu m’as effrayée, je ne puis parler. Viens, embrasse-moi de nouveau. Comment as-tu pu passer trois jours sans nous voir ? Élicie, Élicie, le voilà.
Élicie. Qui, mère ?
Célestine. Sempronio.
Élicie. Ah ! mon Dieu ! le cœur me bat ! Où est-il ?
Célestine. Il est ici, je l’embrasse sans toi.
Élicie. Ah ! maudit traître ! la fièvre te tue, puisses-tu mourir entre les mains de tes ennemis puisses-tu te trouver au pouvoir de la justice pour des crimes dignes de mort ! Ah !
Sempronio. Ha, ha, ha ! Qu’est-ce, mon Élicie ? De quoi te tourmentes-tu ?
Élicie. Il y a trois jours que tu n’es venu me voir. Que jamais Dieu ne te regarde, que jamais Dieu ne te console et ne te visite ! Malheur à la femme qui met en toi son espérance et tout son bien !
Sempronio. Tais-toi, ma reine, crois-tu que la distance qui nous sépare soit assez grande pour éteindre mon violent amour et le feu qui brûle dans mon cœur ? Où je vais, tu viens avec moi, tu es avec moi ; ne t’afflige pas, ne cherche pas à souffrir plus que je ne souffre. Mais, dis-moi, quels sont ces pas que j’entends là-haut ?
Élicie. Qui marche là-haut ? Un mien amoureux.
Sempronio. Oui, je le crois.
Élicie. En vérité, monte, tu verras.