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Un poëte toulousain, Gratian du Pont, cite cette dernière aventure dans un livre imprimé en 1534 et ayant pour titre Controverses du sexe féminin et masculin :

Que dirons-nous du bonhomme Virgile,
Que tu pendis si vrai que l’Évangile
Dans ta corbeille jadis en ta fenestre.
Dont tant marri fut qu’estoit possible estre ?
A lui qui estoit homme de grand honneur
Ne fis-tu pas un très-grand deshonneur ?
Hélas ! si feis, car c’estoit dedans Rome
Que là pendu demeura le pauvre homme,
Par ta cautelle et ta déception,
Un jour qu’on fit grosse procession
Parmy la ville, donc dudit personnage
Qui ne s’en rit ne fut réputé sage.

Beaucoup d’écrivains espagnols ont accueilli cette fable, et je l’ai retrouvée dans un poëme du célèbre Juan Ruiz, archi-prêtre de Hita (commencement du xive siècle), et dans le Corbacho, ó libro de los vicios de las malas mugeres, livre aujourd’hui d’une extrême rareté, fort remarquable, rempli d’anecdotes piquantes et quelque peu scandaleuses, écrit un siècle plus tard et vers l’époque où parut la Célestine, par l’archiprêtre de Talavera, Alonzo Martinez de Toledo. Voici ces deux passages :

Al sabidor Virgilio, como dise en el texto,
Engañó le la dueña, cuando lo colgó en el cesto,
Coidando que lo sobia á su torre for esto.

El Arcipreste de Hita.

Quien vido Virgilio, hombre de tanta acucia é sciencia qual nunca de magica arte ni sciencia otro tal se supo ni se vido ni se falló… que estuvó in Roma colgado de una torre á una ventana en vista de todo el pueblo romano : solo por decir y porfiar que su saber era tan grande que muger en el mundo no le podria engañar ? E aquella que lo engaño presumió contra su presuncion vana como le enganaria… Pues Virgilio sin penitentia no la dejó, que atagar fizo en una hora por arte mágica todo el fuego de Roma, é vinieron á encender á ella todos fuego, que el fuego que el uno encendia no aprovechaha á otro, en tanto que todos vinieron á encendre en su vergonzoso lugar.

El Corbacho (parte I, cap. xviii).

73, page 107. — Beati qui persecutionem patiuntur propter justitiam, quoniam ipsorum est regnum cœlorum.

(Evang. secund. Matthæum, cap. v.)