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ALONZO DE PROAZA,

correcteur de l’impression[1] au lecteur :


  La lyre d’Orphée et sa douce harmonie
Attirait et déplaçait les rochers ;
Elle ouvrit les portes du triste palais de Pluton,
Arrêta immobiles les eaux des torrents.
Les oiseaux cessaient de voler, les animaux cessaient de paître.
Animées par la voix de ce chantre divin,
Les pierres à l’envi, sur les remparts de Thèbes,
S’amoncelaient sans le secours des mains.

il continue et compare :


  Mais ta voix peut faire encore plus,
Lecteur, avec le livre qu’ici je te présente :
En le lisant tu sauras amollir
Un cœur plus dur que l’acier ;
Tu guériras de l’amour celui que l’amour tourmente,
Tu rendras gai le malheureux,
Tu donneras l’esprit, la prudence à celui qui n’en a pas :
Travaux plus merveilleux que d’animer les pierres.

il continue :


  Jamais le comique talent
De Nevius ou de Plaute, ces hommes prudents et sages,
Ne dépeignit si bien dans la langue romaine
Les ruses des valets et des femmes.
Cratinus, Menandre et Magnès l’ancien
Ne purent, dans la langue d’Athènes,
Peindre ces mœurs aussi exactement
Que le fit ce poëte en dialecte castillan.

il indique de quelle manière doit se lire cette tragi-comédie :


Si tu aimes, si tu veux, en récitant le rôle de Calixte,
Attirer l’attention et toucher tes auditeurs,
Sache en lisant parler entre les dents,
Tantôt avec gaité, espérance et passion,

  1. Édition de Séville, 1501.