adresse pour préparer la jeune fille à l’infâme séduction qu’elle a mission d’entreprendre, pour se faire patiemment écouter d’elle, pour supporter, combattre et apaiser les fureurs de sa vertueuse colère, pour porter dans ses sens et dans son cœur le feu qui brûle le cœur de Calixte, pour l’amener enfin à consentir à une entrevue.
La séduction une fois entreprise marche grand train ; les entrevues se succèdent, l’honneur de Mélibée s’est flétri sous les amoureuses étreintes de son amant ; et pendant ce temps, au logis de la vieille, valets et ribaudes fêtent la victoire du maître, font l’amour à leur manière et passent la nuit au milieu des orgies et des hideuses leçons de la courtisane émérite. — Puis arrive le moment de recevoir la récompense promise. Calixte, heureux et amoureux, solde généreusement le ministère de Célestine ; les deux valets du jeune cavalier réclament de la vieille leur part dans les bénéfices de l’affaire ; elle refuse, on se querelle, on s’échauffe, les deux valets la tuent, tout le quartier s’émeut, les alguazils accourent, arrêtent les meurtriers tout souillés du sang de leur victime, et en grande hâte la justice informe et les pend.
Dans cette œuvre de séduction à laquelle un fol amour l’a entraîné, Calixte voit sa fortune perdue, sa maison déshonorée, une femme tuée et des ribaudes criant vengeance. Celles-ci, qui comptent au nombre de leurs amants les deux valets pendus par autorité de justice, jurent de mettre le trouble à leur tour dans les heureux amours de Calixte et de Mélibée ; un spadassin à leurs gages, un bravache dont le caractère original est resté le modèle de tous les héros de cape et d’épée dont