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Salamanque, en 1500, par les soins de Martino Polono, une édition que je considère comme la deuxième et qui contient cinq actes nouveaux parmi lesquels ce portrait improvisé avec verve, tracé avec esprit, cette création d’un type remarquable, resté comme un modèle pour l’art dramatique espagnol, celui de Centurion, le spadassin.

Ces scènes ajoutées commencent au milieu du quatorzième acte, à la suite de la deuxième entrevue des amants, après la défaite de Mélibée, aux mots : « Nous as-tu entendus » ; elles forment le quinzième, le seizième, le dix-septième, le dix-huitième ; et se terminent aux mots : « Tenez-vous bien, seigneur, » vers la fin du dix-neuvième.

Quant au personnage nouveau de Centurion, les amis de l’auteur en constatèrent certainement tout aussitôt l’originalité et le mérite, car dans le titre de cette édition de 1500, où l’indication tragi-comedia remplace celle de comedia, nous lisons ces mots qui signalent à l’attention du lecteur cet heureux « ajouté » : nuevamente anadido el tractado de Centurio (édition augmentée du rôle de Centurion).

Ce fut donc en 1499, que la Célestine fut imprimée pour la première fois, en seize actes seulement[1]. La deuxième édition, complétée en vingt

  1. Il est utile de rappeler ici que l’art de l’imprimerie ne s’introduisit en Espagne que vers 1480, quarante ans après l’invention. En 1485, des « officines » étaient établies à Burgos et à Séville ; en 1486, à Tolède ; en 1492, à Salamanque. La scène de notre tragi-comédie est à Tolède, et il est à remarquer qu’aucune édition ne fut faite en cette ville. Des commentateurs disent que l’auteur habita d’abord Burgos, puis Salamanque, ce qui explique l’origine des deux premières éditions.
    M. de Soleinne n’osait pas croire que l’édition qu’il possédait fût la première, et il pensait que ce pouvait être une