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vre vieillesse. Penses-tu que tu resteras toujours à mes côtés ?

Élicie. Pour Dieu ! laissons là les choses ennuyeuses ; le temps porte conseil. Pensons au plaisir. Si nous avons de quoi vivre aujourd’hui, ne songeons pas à demain. Celui qui amasse beaucoup meurt tout aussi bien que celui qui vit pauvrement, le docteur comme le pasteur, le pape comme le sacristain, le seigneur comme le serf, le noble comme le vilain, toi, avec ton métier, comme moi, qui n’en ai pas. Nous ne pouvons vivre toujours, jouissons et amusons-nous ; peu de gens arrivent à la vieillesse, et de ceux qui y sont parvenus, aucun n’est mort de faim. Je ne veux en ce monde que le jour et un… mâle81, puis ma part en paradis, car bien que les riches aient plus de facilité à acquérir la gloire que celui qui n’a que peu de chose, il n’y a personne de content, il n’y a personne qui dise : « J’ai trop ; » il n’y a personne qui ne soit bien aise de changer son argent contre mon plaisir. Laissons là ces soucis étrangers et couchons-nous, il est temps. Un bon sommeil sans inquiétude m’engraissera plus que tous les trésors de Venise.




ACTE HUITIÈME


Argument : Le matin vient, Parmeno se réveille et prend congé d’Areusa ; il s’en retourne vers la maison de Calixte, son maître. Il trouve sur la porte Sempronio, et tous deux se promettent amitié. Ils vont ensemble à la chambre de Calixte, qu’ils trouvent parlant seul. Calixte se lève et va à l’église.


PARMENO, AREUSA, SEMPRONIO, CALIXTE.

Parmeno. Fait-il jour déjà ? D’où vient donc tant de clarté dans la chambre ?

Areusa. Comment ! il fait jour ? Dors, ami, nous venons à peine de nous coucher. Je n’ai pas encore