ceinture ne suffit pas, tu reviendras demain la chercher secrètement.
Lucrèce Mon Dieu ! ma maîtresse est perdue. Elle veut que Célestine vienne en secret. Il y a fraude, elle veut lui donner plus qu’elle ne dit.
Mélibée. Que dis-tu, Lucrèce ?
Lucrèce. Madame, je vous dis que vous avez assez causé, il est tard.
Mélibée. Eh bien ! mère, ne dis pas à ce cavalier ce qui s’est passé, afin qu’il ne me tienne pas pour cruelle, violente et malhonnête.
Lucrèce, à part. Je ne mens pas, cela va mal.
Célestine. Je suis surprise, dame Mélibée, que vous doutiez de ma discrétion. Ne craignez pas, je sais tout souffrir et tout cacher ; mais je vois bien que votre esprit soupçonneux n’a fait que très-peu de cas de mes paroles. Je m’en vais avec votre ceinture, et si joyeuse, que je me figure que son cœur lui dit déjà la grâce que vous nous faites, et que je vais le trouver soulagé.
Mélibée. Je ferai davantage pour ton malade, s’il est nécessaire, en retour de ce que je t’ai fait souffrir.
Célestine, à part. Il en faudra bien plus, tu le feras, et nous ne t’en saurons pas gré.
Mélibée. Que parles-tu, mère, de savoir gré ?
Célestine. Je dis, madame, que nous vous en saurons gré, que nous sommes à vos ordres, que nous vous sommes tous obligés, que plus le payement est certain, plus on tient à le faire.
Lucrèce. Explique-moi ces paroles.
Célestine. Ma fille Lucrèce, voici : tu viendras chez moi et je te donnerai une lessive avec laquelle tu rendras ces cheveux plus blonds que l’or. Ne le dis pas à ta maîtresse. Je te donnerai de plus une poudre pour te chasser cette odeur de la bouche qui