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PRÉFACE


ESSAI HISTORIQUE SUR LA CÉLESTINE

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L’Espagne, dès le quatorzième siècle, marchait à la tête de la civilisation. Les Arabes lui avaient apporté les sciences abstraites aussi bien que les arts utiles, et seule elle produisait des œuvres remarquables, pendant que l’Europe sommeillait dans une apathique ignorance.

Le poëme du Cid, le premier ouvrage de l’Espagne, écrit au commencement du douzième siècle ; les Siete partidas, et les Tables alfonsines, chefs-d’œuvre de jurisprudence et de science astronomique qui avaient valu à leur auteur, Alfonse X, le surnom de Sabio, signifiant à la fois sage et savant : tels avaient été les premiers monuments de cette langue élégante et formée dès ses débuts.

L’essor était donné, et avant que l’Italie pro-

  1. La première édition de cette traduction de la Célestine a été publiée, en 1841, par l’éditeur Charles Gosselin. Voici ce qu’a bien voulu en dire, deux ans après, M. Charles Magnin, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Journal des Savants, avril 1843) :
    « Nous venons bien tard pour apprécier cette traduction, dont le succès n’a pas attendu nos éloges ; mais il est toujours temps de parler de la Célestine, livre classique, et qui, peut-être, a contribué plus qu’aucun autre à fixer la prose espagnole.
    « Nous connaissons peu d’ouvrages qui aient joui, auprès des contemporains, d’une vogue plus générale et plus populaire, peu qui aient ensuite excité, entre les érudits et les critiques, autant de controverses et de débat… »