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SOUVENIRS DE LA VALTELINE.


Il cueille le lis brun dans l’étroite vallée,
Puis la douce réglisse et l’herbe d’eau perlée ;
Notre ancêtre jadis avec ses escadrons
Fit la guerre en ces lieux, comme ses compagnons.

Le sang coula longtemps dans les prés de pervenches,
De gouttes de rubis tachant les vertes branches.
Que de morts, Ô Rohan, et que d’ensevelis !
Ô paix à leur mémoire et paix à leurs délits !

Des rayons argentés sillonnent la rivière,
Tandis que dans l’église on chante la prière ;
Les montagnards, alors, vont tous rentrer chez eux ;
Dans chacun des chalets on allume les feux.

La cloche du troupeau joyeusement résonne,
Et le frugal repas des animaux se donne.
Le pauvre chemineau, seul, reste en son chemin ;
À la ferme, au village il demande du pain.