Page:Rohan - Les Lucioles, Calmann-Lévy.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
POÈME CAUCASIEN.


Ivan arrive enfin, dépose son fardeau ;
La jeune fille dort, fiévreuse en sa cabane ;
Le cosaque la berce et lui fait boire l’eau
Miraculeuse et fraîche à l’abri du platane.

Et lentement la vie en son être revient,
La vie et la jeunesse et le carmin aux lèvres.
L’amour naît en son cœur, l’enlace et la soutient ;
Rêvant à son sauveur, elle garde ses chèvres.

Et la voyant si chaste et si tendre à la fois
L’esprit d’Ivan s’emplit de joie et de tendresse ;
Des chaleurs de juillet ne sentant plus le poids,
Son labeur est joyeux, plein d’une ardente ivresse.

« Chère âme, lui dit-il, vois ces vignobles bleus,
« Ces moissons d’épis mûrs, ces mauves azalées,
« Les fruits des bananiers, la turquoise des cieux
« Et le sable si fin de ces vertes allées ! »