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L’AJOUPA.

À la seconde invasion de cette cataracte poudreuse, Noëmi avait couru bien vite au jeune mulâtre, abandonnant Zäo le négrillon au vaudou… Joseph Platon paraissait contrarié au dernier point de n’avoir pas encore regagné l’habitation, où des affaires importantes l’appelaient sans doute, car il regardait l’heure à sa montre avec tous les signes de l’impatience la plus vive.

La violence du coup de vent était devenue telle que les feuilles de latanier et de palmier arrachées de l’ajoupa voltigeaient dans l’air en tournoyant. L’aile de l’ouragan était de plus en plus lourde, une nuit subite augmenta bientôt les craintes de Noëmi. Zäo s’était tu, regardant de ses grands yeux blancs une pauvre aigrette aux plumes démembrées, qui était tombée dans les cendres… Ce fut le signal de la chute rapide de l’ajoupa, dont les quatre pans s’écroulèrent bientôt avec fracas sous une trombe qui permit à grand’peine aux personnages de cette scène de regagner les premières limites de l’habitation.