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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

les éclats de la foudre. Les beaux arbres à verdure fraîche et riante, enchaînés l’un à l’autre par des guirlandes de convolvulus et de lianes qui avoisinent l’Ester et en ombragent les écores, courbaient le front sous cette bourrasque inattendue. L’eau de l’Ester, tranquille et limpide au point d’y suivre les jeux du poisson à vingt pieds de profondeur, soulevait de longues spirales de poussière formant une sorte de trombe ; les gramens à tige desséchée jonchaient le sol. L’ouragan, dont les éclairs croissaient, promenant ses lueurs et son murmure jusque sous les campêches les plus touffus et faisant voler devant lui, comme un sinistre avertissement de son courroux, les crâbiers et les aigrettes, semblait prendre plaisir en ce moment à démembrer la couverture de l’ajoupa.

Élevée à quelques centaines de toises de la belle habitation de la Rose, qui appartenait, à cette époque, à M. de Boullogne, alors contrôleur général, cette chaumière, protégée par sa seule toiture de feuilles de palmier, s’offrait à l’œil dans un tel état de vétusté qu’on aurait pu croire qu’elle ne tarderait pas à s’affaisser un jour sur elle-même. Elle ressemblait assez, par sa forme conique, aux tentes nommées canonnières. Quatre bambous fichés autour d’elle semblaient la retenir sur le penchant de sa ruine ; toutefois elle était encore joyeuse et répondait à ces préludes de l’orage par le son maigre et monotone du banza, cet instrument dont la danse du nègre s’accompagne. Meublée à l’intérieur de calebasses sciées transversalement par le milieu en guise de