Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/344

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

— On ne vous avait pas même payé ce service !

— Oh ! pour cela, si fait ; de l’or… cinq belles pièces d’or. Je les garde encore précieusement pour celui-là… dit-elle en montrant le jeune homme qui dormait. Il m’a vu cet or l’autre jour, il n’en pouvait revenir… Pauvre cher petit ! C’est pour lui surtout que je voudrais savoir, Finette, qui est cette grande dame, j’irais la trouver ou je lui ferais écrire, je réclamerais sa protection, car elle est puissante, Finette, elle connaît peut-être M. de Boullogne autant que Mme  de Langey… Oui, mon Dieu, je me jetterais à ses pieds, mon enfant ne serait pas battu, Finette, j’ai sauvé le sien !

— Quoi, sauvés tous deux ! quel péril couraient-ils donc ?

— Je n’en puis dire davantage, Finette, on m’a fait promettre le secret… D’ailleurs il y a longtemps de cela, et cette dame est sans doute loin…

— Que vous avez là sur vous de beau linge de Hollande, négresse, et que ce tour de chemise est coquet ! dit Finette, voyant que Noëmi voulait rompre la conversation…

— C’est un reste de ma rechange, Finette, j’étais autrefois nippée à te faire envie, à toi la plus belle fille de l’Artibonite !

— Tiens, voilà que vous me louez, comme M. Printemps. Il me disait hier, en me priant de lui tenir sa casserole pour des pattes d’oies bottées à l’intendante, que je ressemblais à ma maîtresse, et qu’il était temps pour moi de former un établissement. Comme il s’était mis à me lutiner avec ses aides de