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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

Le jeune homme frémit et pâlit tour à tour à l’idée de cette infernale vengeance. Celui qui lui parlait était connu pour son horrible méchanceté, c’était une bête brute qui se roulait dans l’opium et le vin pour mieux rugir.

— Un habit et un cheval de volés ! Ah ! rien que cela, mon jeune drôle ! Allons ! monte ces gradins suis-moi !

À la Voix de cet homme, les spectateurs s’étaient attroupés, Mme  de Langey elle-même s’était penchée hors de sa loge.

— Viendras-tu, maraud ? ou faut-il que je t’enlève par les oreilles !

Saint-Georges n’entendait plus, il était tout entier à Mme  de Langey. Il y avait plus de quinze jours qu’il ne l’avait vue, il s’abreuvait de son image, il était fou !…

Dans cette inclinaison rapide de toute sa personne sur le devant de sa loge, la marquise était superbe… Des épaules éblouissantes de blancheur, des cheveux d’une eau si pure ! Jamais plus belle image ne se balança sous l’œil de Lawrence ou de Thompson !

Le mulâtre, abîmé dans cette vision inespérée, retenait jusqu’à son souffle… Vainement était-il devenu l’objet de l’attention inquiète de ses voisins, il ne vit pas même le commandeur étendre sur lui son bras athlétique et le saisir par les oreilles, au

    l’y laissait exposé au milieu des airs, au soleil et aux mouches, sans nourriture, sans boisson, et jusqu’à ce qu’il eût terminé sa vie après plusieurs jours de souffrances que rien ne peut rendre.