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XXII.

La livrée.

Nessun maggior dolore
Che ricordarsi dell’ tempio felice
Nella miseria !


À Saint-Domingue, quiconque est blanc maltraite impunément les mulâtres et les noirs. Leur situation est telle qu’ils sont esclaves de leurs maîtres et du public.
(Considérations sur la colonie de Saint-Domingue, par H. D., t. 1er, p. 145.



La conclusion de cette scène devait être fatale à Saint-Georges… Émue du péril que venait de courir son fils, voulant le mettre à l’abri de toute attaque nouvelle, la marquise ordonna à Saint-Georges de le quitter et d’aller revêtir à l’office la livrée des laquais de sa maison…

En cela Mme  de Langey pensait comme doit penser toute créole. Le caractère inné de fourberie hypocrite que l’on prêtait aux nègres et aux mulâtres conseillait cette mesure. Tôt ou tard Saint-Georges pouvait se mettre de connivence avec son ennemi ; rien ne devait lui paraître moins sûr que ce cœur d’esclave pétri de malice et de bassesse.