Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

l’embrassait, elle cherchait à le rassurer par sa propre confiance. Le mulâtre ne disait rien, son œil nageait indécis sur ce monde qui l’entourait. Il se sentait foudroyé, anéanti !

— Attendez donc ! s’écria M. Gachard, c’est ma bourse, madame la marquise. D’où vient que ce misérable Raphaël possède ma bourse ? L’homme qui m’a attaqué près de votre maison Ce n’était pas Raphaël !

Raphaël poussa un éclat de rire guttural et regarda insolemment le financier.

Contemple-moi bien avec tes yeux blancs, monstre d’ébène ; te voilà pris au lacet pour deux crimes… deux crimes que tu vas avouer, toi et ton complice Saint-Georges, dit M. Gachard en se soulevant sur ses gros poings. Monsieur Platon, n’allez-vous pas faire étriller ces drôles-là ?

— Puisqu’ils font les délicats, dit M. de Vannes, nous aussi nous les traiterons, délicatement. Je pense, monsieur le gérant de la Rose, que vous feriez bien de leur faire goûter de ce poisson !

À cette proposition de M. de Vannes, prononcée avec le plus atroce sang-froid, Noëmi, sentant ses genoux fléchir, rassembla tout son courage. Adressant avec ardeur sa prière à ce Dieu qui avait sauvé déjà une fois son cher Saint-Georges, elle le supplia de lui donner à elle, pauvre mère, la force de convaincre ces hommes assez obstinés pour supposer un tel crime dans son enfant. Par une de ces illuminations soudaines que le ciel accorde aux mères comme une récompense et un bienfait, elle comprit qu’elle