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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

— À qui donc l’as tu remis, caïman ? s’écria M. Printemps furieux… quarante mille coups de fouet, réponds, ou, si tu le préfères, l’on te jette pieds et poings liés dans l’Ester !

— Je l’ai remis au mulâtre Raphaël, murmura-t-il, il m’avait demandé de me remplacer… Il m’a payé à boire pour cela faites-le venir, vous verrez.

À l’arrivée de Raphaël, que deux grands valets amenaient, M. Gachard poussa un cri de surprise, il reconnaissait le no 142, l’homme qu’il avait fait battre de verges vingt jours avant !

Ce nouvel accusé promena en entrant un regard indifférent sur toute la salle. Il déclara qu’il ne savait rien, qu’il avait passé le plat afin d’avoir l’honneur d’entrevoir, disait-il, la compagnie. Du reste, on pouvait le fouiller, on ne trouverait point d’or dans ses poches comme dans celles du jeune mulâtre.

— Tu mens, vipère, tu mens ! s’écria tout d’un coup en bondissant près de Saint-Georges une femme cachée jusque-là par un flot de nègres et de domestiques accourus. Tu mens, car voici la bourse que M. Platon vient de trouver sous la natte de ta case. Comparez les pièces d’or, madame la marquise, et vous verrez si elles ne sont pas les mêmes. Le misérable les aura glissées dans la veste de mon fils…

Qu’est-ce que cela prouve ? reprit Mme  de Langey, si ce n’est qu’ils sont complices !

— J’atteste votre Dieu, madame, que Saint-Georges est innocent ! dit la négresse en couvrant son fils de ses deux mains… En même temps elle