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XX.

Amour.

Aimer, c’est oser !
(Devise).)



Finette, on le sait, avait un certain tendre pour le mulâtre.

Comme lui, dorée par les reflets du soleil ardent des îles, comme lui jeune et joyeuse malgré sa chaîne, Finette, beauté africaine, pétrie de grâce et de volupté, vengeait assez la classe des esclaves par l’animation piquante de sa nature.

Tout chez cette fille était souplesse, relief et séduction. De belles dents blanches encadrées de lèvres aussi pourpres que la grenade, lèvres fortes et bombées comme celles des mulâtresses, des contours fermes, nerveux, un regard abattu délicieusement ; ou ranimé tout d’un coup par je ne sais quel éclair illuminant sa prunelle, une taille d’Espagnole obtenue par elle seule et sans le secours de la basquine, une agacerie merveilleuse dans le tour de la coiffure, une jambe modelée comme celle d’une Vénus brune, et par-dessus tout un air de sève et de jeunesse imprimé à sa beauté, tout cela c’était Finette !