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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

et la jolie Finette bondit Joyeusement jusqu’au milieu de la chambre avec Saint-Georges.

Ils étaient tous deux aussi rayonnans, aussi élancés que deux jeunes palmiers saluant le premier soleil ; leur poitrine haletait ; ils venaient d’arpenter à la course une longue avenue de tamarins bordant les hattes de la case.

Si bien qu’à son madras coquettement chiffonné, à son air d’autorité féminine sur le jeune mulâtre ; à certains embrassemens espiègles donnés et rendus en entrant dans cette chambre, M. Printemps, le vertueux prétendu de Mlle Finette, ne put s’empêcher de froncer le sourcil d’un air jaloux.

— D’où venez-vous ainsi, mes jeunes ramiers ? murmura M. Platon d’un air moitié sévère, moitié curieux. Mademoiselle Finette à sa jupe blanche déchirée par les broussailles, et vous, mon élève, vous avez encore votre fusil armé, et vous ne me rapportez pas même un bidibidi[1] ce matin !

— Mon cher maître, répondit Saint-Georges, vous êtes à la diète, il faut vous le rappeler. Ma mère Noëmi, qui s’est faite votre docteur, ne vous a-t-elle pas recommandé les boissons chaudes ? Je vous lirai un chapitre de ce livre, si vous voulez ?

— Au diable la lecture ! Que votre mère se connaisse en tisanes, mon cher Saint-Georges, je ne dis pas le contraire, je me résigne aux siennes pour guérir ma toux et ma fièvre (diable de fièvre que j’ai attrapée l’autre jour à cette expédition des tortues aux

  1. Raie