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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

Armée d’un flambeau qu’elle avait saisi sur sa table, la marquise de Langey s’était réfugiée sous la gaze du lit… Tio-Blas la considérait avec stupeur…

— Dussions-nous brûler ainsi tous deux avant l’enfer, je t’y suivrai ! cria-t-il résolument.

En prononçant ces mots, il écartait le voile de la moustiquaire, à laquelle le flambeau de la marquise mit le feu…

En voyant la flamme se propager rapidement d’un bout de la gaze à l’autre, lécher de sa langue flamboyante les stores et les corniches, la marquise fut elle-même effrayée de son courage… Deux secondes encore, et la chambre était en feu… Tio-Blas tira de son sifflet un cri aigu, lugubre comme celui du serpent. — Un cri pareil lui eut bientôt répondu.

— À l’assassin ! au meurtre ! cria la créole hors d’elle-même, se penchant à la fenêtre.

Elle sentit bientôt sa voix se sécher dans sa gorge, et elle tomba…

Poussant du pied la porte de la chambre, Tio-Blas allait entraîner Mme de Langey quand il s’aperçut qu’elle était évanouie… Des pas retentissaient, la flamme continuait avec violence… Tio-Blas jeta de l’eau au visage de la marquise, et d’une voix entrecoupée à la fois par la fumée et la colère, il lui dit :

— Marquise de Langey, retenez ceci. J’ai deux choses à vous : votre médaillon trouvé sur votre mari et vos lettres adressées à moi. Votre nouvel amant comparera un jour les lettres de la marquise de Langey à Tio-Blas avec celles de la marquise de Langey à M. de Boullogne. Quant à ma proposition d’hymen,