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TIO-BLAS.

hange de Cerda, c’est mon nom. Vous semble-t-il sonore ? Je suis de Catalogne, et l’évêque de Santo-Domingo est tout bonnement mon oncle… Encore une fois, cela ne vaut-il pas la noblesse de robe de M. de Boullogne ?…

L’Espagnol avait enlacé de son regard la tremblante Mme de Langey. L’assurance amère de ses paroles confondait toutes les idées de la marquise… Jusque-là elle n’avait vu dans Tio-Blas qu’un marchand ; était-ce un piège que cet homme lui tendait, ou bien avait-il le droit de traiter avec elle d’égal à égal ? Il la tira lui-même de ce chaos de pensées en lui disant :

— Eh bien ! maintenant le noble ne vous semble-t-il pas l’égal du financier ? Le noble est jeune, vert encore ; on l’appelle, je sais, Tio-Blas le marchand ; mais il a ses parchemins bien en règle. Marquise, ce noble en ruines vous déroulera son histoire ; la place que vous y tenez fut terrible. Entre nous il y a du sang !

— Du sang ! cria-t-elle épouvantée.

— Du sang, dit l’Espagnol en marchant vers elle.

— Et vous osez m’offrir votre nom ; qui que vous soyez, Tio-Blas ou comte de Cerda ? que m’importe ? Vous ai-je commandé jamais un crime, monsieur ?

Tio-Blas, dont les dents se froissèrent d’abord avec rage, répondit avec un air de raillerie calme à la marquise :

— Vous me rappelez le confesseur de la vieille