Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
ÉVÉNEMENS

s’il se fût agi d’obéir à son roi et maître. Elle retirait son cou lorsqu’un coup de feu l’abattit.

— Bien tiré, Saint-Georges ! cria M. Joseph Platon, qui survenait essoufflé. Bien tiré ; mais votre mère Noëmi vous attend à la veillée… Est-ce un ibis vert que vous avez descendu, mon jeune ami ? Qu’est-ce enfin ? A-t-on retrouvé Poppo ?

Pour toute réponse, Saint-Georges, qui abaissait son fusil, fit voir à M. Joseph Platon le corps de Poppo et à peu de distance du singe la couleuvre pourpre formant sur l’herbe, à la lune, un vrai collier de rubis. Trouvant sans doute que les mânes de son perroquet étaient vengées, Platon poussa une exclamation de joie qu’heureusement Mme de Langey n’entendit pas, tant elle prêtait une craintive attention aux mouvemens de l’homme qui venait de présenter le lait à la couleuvre… Cet homme avait ri d’un rire infernal lorsque la couleuvre était tombée.

— Caroline ! je vous retrouve, murmura-t-il en bondissant tout d’un coup aux côtés de la marquise, dont il arracha le masque de gaze.

— Tio-Blas ! dit-elle d’une voix presque éteinte par la frayeur.

— Moi-même, Caroline, j’ai à vous parler cette nuit…

— Cette nuit ?

— Dans une heure, Caroline. Demeurez dans votre chambre, j’irai.

La marquise le regarda, et elle eut peur ; elle lui fit de la tête un signe d’assentiment.

— Dans votre chambre, reprit-il.