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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

chez Mme de Langey par quelque fait à son avantage, un fait pour lequel la marquise, cette fée nouvelle, radieuse, qu’il admirait de toute la force de son âme, lui dît : « Saint-Georges, merci ! »

Ainsi encore se résolut-il à passer par tous les caprices méchans de Poppo, afin d’arriver par là plus sûrement à l’amitié de Maurice. Cette amitié, il la voulait voir fleurir et se développer chez Maurice à l’aide de son dévouement absolu pour Mme de Langey. Le premier sentiment que le mulâtre ressentit pour cet enfant plus jeune que lui, ce fut un sentiment de compassion mêlée de respect : Maurice était né chétif, Saint-Georges était vigoureux. Le mulâtre n’avait jamais aimé jusque-là que Noëmi ; encore dans cet amour entrait-il un grand orgueil de protection. Les mains jointes devant le fouet de Platon, souvent Saint-Georges avait empêché sa mère d’être inhumainement battue ; il l’avait sauvée dans plus d’une rencontre de sa colère, apaisant le gérant par l’offre de sa chasse ou un tour merveilleux dont il le rendait spectateur. Eh bien, chose étrange ! cette même protection dont le mulâtre couvrait Noëmi, être faible, abandonné, il sentit que la nature de l’enfant la réclamait ; que cette nature, frêle et délicate, aurait besoin de la sienne. Il s’attacha vite à Maurice pour cette raison, l’idée ne pouvant lui venir encore que le fouet n’était que suspendu sur sa tête et qu’en cas de faute, Maurice lui-même ne pouvait l’en exempter !

Nous avons dit que Saint-Georges s’était soumis aux malignités de Poppo ; mais, en vérité, ce digne