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L’HOMME À LA COULEUVRE.

avec les mains très-finies et ressortant des plus admirables manchettes que l’on pût voir ; il avait du reste la main fort belle.

Le peintre avait en outre ménagé dans cette miniature un coin de bureau chargé de lettres, sur l’une d’elles on lisait : à M. de Boullogne, contrôleur général des finances de Sa Majesté et grand trésorier de l’ordre du Saint-Esprit.

Il fallut moins de temps à Finette pour reconnaître cette figure que l’autre ; à peine avait-elle aperçu M. le marquis de Langey, son entrée chez la marquise datant de deux mois avant le voyage où il mourut.

Elle renferma précipitamment les deux bracelets dans le tiroir quand sa maîtresse étendit les bras et l’appela.

Mme de Langey avait le regard fixe, hagard ; on eût dit qu’elle venait d’échapper à un péril…

— J’ai fait un horrible rêve, Finette, dit Mme de Langey, comme malgré elle et ayant l’air de se débattre comme un fantôme dans son hamac… Ta vilaine histoire de l’homme à la couleuvre, sans doute !… Il est temps, ajouta la marquise, que tu sonnes mes femmes pour t’aider à m’habiller, car la cloche ne tardera pas à sonner ; j’ai M. de Bongars, M. d’Esparbac, M. de Vannes et M. Gachard, qui viennent faire ici la media-noche.

Finette obéit ; le soir avait étendu son réseau d’ombres sur la chaîne des mornes qu’on apercevait de la fenêtre. Les femmes de la marquise montèrent bientôt, puis l’habillèrent. Malgré la pâleur légère répandue