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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

nement profond ; Poppo poussa un cri enroué, guttural, un cri de mauvaise humeur.

— Seriez-vous déjà mécontent de votre valet de chambre, Poppo ? dit la marquise à l’horrible singe ; il est cependant fort convenable…

— Comment donc ! il est charmant ! reprit la baronne… Des dents d’une blancheur de perle, et les cheveux du plus beau noir !… Ah ! il est excellent teint !

— Et il a, Dieu me pardonne ! apporté son violon, murmura à l’oreille de la baronne Mme  de Langey.

— M. Platon possède un élève accompli, continua la baronne.

— Je vous le livre, mesdames, pour un garçon qui mérite vos bontés.

— Son âge ?

— Douze ans et demi.

— C’est dommage qu’il se nomme Saint-Georges, j’eusse autant aimé Jupiter, ou Scipion, Narcisse, Acajou !

Saint-Georges n’est point mal, ma chère ; c’est un nom français, un nom de roman. Voyez Saint-Preux, Saint-Phar et tant d’autres saints ! J’aime Saint-Georges.

— Pour mon début dans la colonie, je ne veux pas, baronne, me montrer trop difficile. Tu garderas ton nom, mon page jaune ; je te promets de t’avancer si tu plais à Maurice et si tu amuses Poppo !

— Je réponds de lui, madame la marquise. Vous l’avez vu, c’est un chasseur décidé…

— Oh ! nous vous le laisserons de temps en temps, monsieur Joseph, nous ne prétendons pas éteindre