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UNE ROBE FEUILLE-MORTE.

— Pardon, madame la marquise, ce sont les dernières modes de Paris que vous envoie M. le contrôleur général, des poupées de chez du Chapt… des garnitures, voyez !

Les valets sortirent, et Mlle  Finette déploya d’abord les poupées, qu’elle tira de leur caisse. Elles étaient de la grandeur de Maurice ; il n’y manquait pas un pompon. Mme  de Langey sourit : l’aspect de ces chiffons avait chassé son chagrin.

— Voilà des éventails qui viennent du Palais et de véritables poupées de cour ! s’écria Mme  l’intendante.

— Ce que renferme cet écrin joint aux poupées vaut peut-être plus, galante baronne : ce sont des esclavages de chez l’Empereur, le bijoutier.

— Ne me parlez pas de l’Empereur. Dans le temps où nous résidions à Paris, M. le baron d’Esparbac et moi, le drôle nous a donné à sa campagne une fête illuminée et garnie de pots à feu… Ces diamans feraient à merveille sur une robe blanche dauphine à bouquets d’or…

— Une robe blanche, vous croyez ? reprit Mme  de Langey.

— Folle que je suis ! j’oublie que vous êtes en deuil !

La marquise soupira. Elle ne regardait plus les bijoux. La baronne reprit :

— Savez-vous que par ma mère nous étions alliés de loin à M. le marquis de Langey ? un de mes neveux, le capitaine de Lemps, a fait sous lui son noviciat de marin. M. de Lillebonne, qui l’a connu, en disait un bien…

— Voulez-vous m’arranger un de ces citrons, baronne ? la chaleur est suffocante…

I.

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