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XII.

Conversation d’une robe feuille-morte.


Voilà ce que l’on dit, et que dis-je autre chose ?
(Boileau.)



En rentrant à la case, la marquise trouva Mme d’Esparbac qui l’attendait assise sur un des sophas du boudoir…

Ce boudoir était une véritable grotte tapissée de coquillages et de mousse ; des oranges et des limons, posés sur de longs plateaux d’argent, y réjouissaient la vue. Quelques melons d’eau, des pommes roses et des sapotilles choisies recevaient du demi-jour réservé tout exprès pour ce lieu charmant une foule de teintes blondes et violettes que la palette de Chardin eût enviées. Plusieurs coquilles de marbre, soutenues par de petits Amours, imploraient l’eau d’une gueule de dauphin, sur lequel chevauchait Amphion portant sa lyre. La marquise mâcha quelques pommes roses et se jeta, non sans se plaindre beaucoup de la chaleur, sur un lit aux rideaux de gaze. Ses longues paupières chargées de langueur, sa respiration lente, et je ne sais quel air très-impérieux d’ennui répandu peut-être à dessein sur sa personne, auraient fait