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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

macie lorsqu’elle en était priée ; elle composait elle-même leurs boissons médicales, et dans toutes les cases on l’appelait chirurgien noir.

— M. le gérant a déjà fait beaucoup, Noëmi, en vous recueillant ici avec votre fils après la chute de votre ajoupa. Votre fils travaille sans doute à l’atelier ; je lui assure, de ce jour, ma protection. En le faisant baptiser le même jour que mon fils, continua Mme  de Langey avec hauteur, vous assuriez du moins à mon cher Maurice un fidèle domestique. Il nous a conduits hier comme un ange, et cela par les chemins les plus épineux.

— Tout ce que je gagne, madame la marquise, passe à mon enfant. Oh ! le ciel m’en est témoin ! Il est si beau mon enfant !

Mme  de Langey ne put retenir un éclat de rire, même devant sa mulâtresse Finette.

Noëmi ne comprit pas ce rire dédaigneux.

La pauvre mère avait mis sa tête à la lucarne en entendant retentir des pas sur la terre battue de sa ruelle. Deux figures se montrèrent bientôt au seuil de la case : c’était le procureur de l’habitation de Breda et Saint-Georges, qui lui portait ses fusils et ses carniers.

Dès qu’elle l’aperçut, la négresse s’en fut à lui ; l’enfant tenait sa main droite enveloppée d’un mouchoir rouge.

— Bonne chasse, mère, bonne chasse, cria-t-il en déposant sur la natte plusieurs coqs d’eau, des pluviers dorés et des bécassines. Quant à vous,