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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

— Imaginez donc, madame la marquise, qu’il sait toutes les batailles du maréchal de Saxe ! C’est à faire dresser les cheveux dessus la tête. Il a commencé par me demander le mariage, ce qui a failli me faire avaler de travers, parce qu’alors nous étions à table… Le mariage ! M. Printemps serait mon grand-père, madame ! c’est comme si quelque jour M. de Boullogne demandait à vous épouser !

La marquise, à ces paroles étourdiment prononcées, quitta subitement les cheveux de sa mulâtresse, la regarda fixement et lui enjoignit de se retirer. Finette, sans le savoir, avait fait vibrer au cœur de Mme de Langey sa corde la plus tendue et la plus sensible. Étonnée du ton d’autorité que venait de prendre sa maîtresse vis-à-vis d’elle, elle se hâta d’emporter M. le marquis Maurice, auquel les embrassemens de Mme l’intendante, survenue vers la fin de cette conversation, semblaient fort peu convenir…

— Qu’avez-vous, ma chère ? dit la baronne d’Esparbac à Mme de Langey. Ne rejoignez-vous pas un peu notre compagnie ? Le jeu s’échauffe, je le sais, à un point tel que l’on s’apercevra peu de votre absence…

— Un instant de promenade dans les jardins me remettra, madame l’intendante. La fatigue de ce jour m’a paru grande, et si vous le voulez…

— Volontiers, moi je raffole de la promenade du soir. Mettez votre masque de gaze contre les moustiques, chère belle.

Les deux femmes, après avoir descendu le perron,