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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

Breda, appartenant à M. de Noë. Ces graves figures ne ressemblaient pas mal à une garniture de cheminée en magots de la Chine ; mais il fallait bien que Mme de Langey se contentât d’abord de ce qui lui tombait sous la main. Le bruit de son arrivée lui avait amené moins de papillons que de moustiques. Cependant on parlait déjà autour d’elle de son attelage, de sa beauté, de son luxe. Ce n’était pas assez des camaïeux de sa berline, de sa doublure intérieure, d’un velours à la reine lilas, brodée en chenilles couleur de rose, elle avait encore sur ses genoux un chat et une petite chienne gredine du plus beau poil du monde ; ménagerie princière, s’il en fut, mais dont Poppo le singe était à coup sûr le roi.

Et puisque ce nom de Poppo intervient ici dans mon récit, je dois déclarer que ce charmant animal faisait le sujet de la conversation quand M. Platon entra. La marquise eut l’air de se faire violence pour ne pas étouffer de rire du plus loin qu’elle entrevit le vertueux gérant. Par contenance, elle se mit à faire des nœuds. Mme la marquise avait échangé sa robe du matin pour un peignoir blanc garni d’une échelle de rubans noirs. Ces nœuds galans voltigeaient autour d’elle avec des frôlemens de soie délicieux…

À peine le gérant fut-il entré qu’elle l’invita à prendre un fauteuil auprès de sa chinnta, en lui disant :

— Monsieur Platon, j’ai de grands remercîmens à vous faire.

Mme la marquise est contente, fit ingénument Platon. Tant mieux, j’avais peur que les chevaux ne la versassent…