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IX

Un nègre et un perroquet.


Lugete, Ô Veneres, Cupidinesque, Et quantum eit hominum venustiorum.
(Lucius in morte passeris, Catulli liber III.)



L’étonnement du jeune mulâtre n’avait pas été moins grand que celui de la marquise. Poussé par sa mère au pied de cet autel qu’il abordait humblement, forcé d’obéir à cette volonté qu’il ne se donnait pas même la peine d’approfondir, il n’emportait guère qu’une perception vague de tout ce qui venait de se passer.

Devant la joie de Noëmi, joie nouvelle chez cette mère, joie élevée, infinie, il n’avait conçu qu’un enchantement réel, celui de voir couler sur son front l’eau qui avait été puisée au font baptismal pour l’enfant blanc de Mme de Langey, d’approcher son genou du même coussin, d’entendre les mêmes paroles sortir de la bouche du prêtre. Sauvé par cet homme une première fois, il avait éprouvé un secret bonheur à le retrouver ; il l’aimait d’instinct. Trois degrés de la chapelle l’avaient rapproché de lui, et le balustre doré qui s’était fermé sur les acteurs de cette scène