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DEUX BAPTÊMES.

Lorsqu’elle arriva après un trajet rapide à la paroisse de Saint-Marc, le curé vint la recevoir à l’entrée de l’église, comme il eût fait pour M. de Boullogne lui-même. Joseph Platon, descendu à son honneur de sa monture, lui offrit la main…

La cérémonie commença suivant les coutumes de l’église catholique ; le baptistaire était entouré de curieux. La nourrice de l’enfant avait quelque peine à le contenir. Maurice ne comprenait guère ce qu’on lui voulait, et la marquise, assez indifférente à l’importance sacrée de cet acte, songeait plutôt à se faire voir qu’à prier. Les habitans de Saint-Marc, opulens colons pour la plupart, furent surpris de sa beauté, de son faste et de la nouveauté merveilleuse de son équipage, remisé à l’ombre sous les arbres touffus implantés devant l’église. L’arrivée de cette jeune et belle femme dans la colonie était bien digne d’y faire sensation : peu s’en fallut que le canon des forts ne la saluât comme un navire attendu. Mme l’intendante vint à sa rencontre avec son mari dès le pas de la paroisse ; plusieurs officiers de la ville, des personnes de l’habitation Noë, des nègres et des négresses de la Rose formaient le cortége de la marquise.

Entre tous les actes chrétiens, le baptême est certainement celui qui donne le plus à réfléchir : c’est le premier flot d’huile sainte qui coule sur le front de l’enfant avant tous les autres ; il n’est peut-être pas de symbole d’égalité plus complet que cette eau lustrale versée indistinctement sur le pauvre comme sur le riche, qui sert au peuple comme au roi. Ainsi