VII.
Le départ.
Je ne sais ce qui arrivera ; mais, s’il plaît à Dieu, Jeanne, tout ira bien.
Le jour choisi par Mme la marquise de Langey pour la cérémonie du baptême de Maurice, les esclaves de la Rose reçurent en effet double ration ; on leur distribua des bananes mûres, des figues et des patates en abondance. Tout se mouvait, s’attifait et chantait dans l’Artibonite. Les vestes rouges et les vestes blanches rayonnaient au soleil ; les coups de fusil, tirés par les nègres créoles, le bruit et les chants, annonçaient la joie. La classe noire se cramponne d’ordinaire à toutes les occasions qu’elle trouve de se réjouir, peu lui importe la cause, c’est un jour de plus d’affranchissement conquis sur la servitude.
La fabrique, ce matin-là, ressemblait presque à un manoir du moyen âge qui donne quelques heures de répit à ses vassaux. M. Joseph Platon parcourait les ruelles des cases avec un air de bénignité qui semblait être de commande ; il se laissait aller jusqu’à