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LE CHEVALIER DE SAINT GEORGES.

de marcassites que la reine vous envierait. À propos, avons-nous ce soir concert ? Avec mon cheval, je serai à Paris en deux heures ; je n’ai donc besoin de partir qu’à neuf heures… Qui doit chanter ce soir ?

Mme Dugazon est malade.

— Je le sais.

— Vous savez toujours ce qu’elle fait ! Entre nous, je vous soupçonne bien d’avoir ce soir autre chose qu’un duel à arranger.

— Un mari à déranger peut-être ?

— Justement.

— Ce ne serait pas la première fois !

— Écoutez, Saint-Georges ; j’ai des frayeurs que vous trouverez frivoles. Que faites-vous éloigné de moi ? Je connais votre aversion pour les choses graves ; les infidélités courent Paris, Dieu veuille vous en garantir ! Je pense que je ne serai vraiment heureuse que lorsque je vous aurai près de moi. Ne m’en voulez pas : ma vie se passe à vous regretter ! Beaucoup de gens sont déchaînés contre moi : j’ai du courage contre leurs propos ; pourrai-je en avoir jamais contre votre oubli ? Regardez autour de vous ; que pouvez-vous souhaiter ? Le duc d’Orléans vous a déjà prouvé à quel point il m’obéit. Voulez-vous ne plus me quitter ; voulez-vous être l’égal de tous ces seigneurs dont la moitié vous redoute et vous envie ? Saint-Georges, je suis la fée, je vous protége ; parlez.

Il se contenta de la regarder avec des yeux où l’orgueil brillait comme une flamme ; nouveau miroir d’Archimède, son regard avait déjà brûlé bien des